Un article de Laurent Rieutort, Philippe Madeline et
Claire Delfosse paru dans Histoire et Sociétés Rurales fait le point sur
les grandes tendances actuelles de la géographie rurale française.
Pour les candidats aux concours de l’enseignement dont l’une des
questions au programme est consacrée à ce thème, c’est l’occasion de
couronner leur révision par une lecture très synthétique qui aborde de
nombreux thèmes et s’appuie sur une bibliographie abondante (où seuls
figurent, hélas, les noms des auteurs, mais les lecteurs la
reconstitueront à l’aide de notre
bibliographie indicative).
>>> Pour un panorama historique de la géographie rurale française, voir : Pierre Cornu, «
La géographie rurale française en perspective historique »,
Géoconfluences, avril 2018.
L’introduction de l'article rappelle les occurrences des espaces ruraux
dans les questions précédentes aux programmes des concours de
géographie et d’histoire.
Sommaire, résumé et compléments de lecture :
De la délicate définition du rural aux interactions villes-campagnes
Les auteurs rappellent les débats suscités par le zonage en aires
urbaines depuis sa création en 1996 mais surtout depuis sa redéfinition
de 2011. Aux définitions statistiques s’opposent d’autres approches
« compréhensives, moins segmentées ».
>>> Pour compléter sur le zonage en aires urbaines : Pierre Pistre et Frédéric Richard, «
Seulement 5 ou 15 % de ruraux en France métropolitaine ? Les malentendus du zonage en aires urbaines »,
Géoconfluences, avril 2018.
De nouvelles ruralités au prisme des représentations sociales
Les représentations qui figent l’espace rural dans sa vocation agricole
ont évolué moins vite que la réalité fonctionnelle : perçus comme des
« espaces de nature, de patrimoine, de qualité de vie », les espaces
ruraux sont aussi aujourd’hui des « lieux de création d’emplois,
d’activités industrielles ou d’innovations sociales et
culturelles ». Cette multifonctionnalité n’est pas spécifique aux
espaces ruraux et elle invite à repenser les liens aux espaces urbains à
l’heure de l’agriculture urbaine.
De la variété des systèmes à la coexistence des modèles agricoles, alimentaires et ruraux
Les auteurs rappellent que les espaces ruraux sont toujours le support
de l’immense majorité des activités agricoles. Ils brossent à grands
traits les évolutions récentes de l’agriculture dans ses dimensions
économiques, sociales et écologiques, en lien avec la mondialisation.
Ils relient ces évolutions à la question foncière, cruciale dans le
développement rural, et à la question de la coexistence de plusieurs
modèles agricoles, « pas toujours complémentaires », voire
incompatibles. Sans parler de crise, les auteurs évoquent plusieurs
« perturbations » connues par les territoires ruraux (allant du
changement climatique au recul de l’État).
>>> Pour compléter, un contre-modèle résidentiel : Christophe Imbert, Julie Chapon et Madeleine Mialocq, «
L’habitat informel dans l’ouest de l’Ariège : marginalité ou alternative à la norme ? »,
Géoconfluences, mars 2018.
Du local aux métropoles : le tournant territorial
S’interrogeant sur un éventuel sous-équipement des territoires ruraux,
l’article rappelle la diversité des situations entre des campagnes
périurbaines, des campagnes vivantes et des campagnes hyper-rurales.
Néanmoins il pointe aussi quelques défis communs comme « l’érosion des
structures commerciales » (évitant par cette expression le terme
controversé de désertification), pour évoquer ensuite l’importance de
l’économie présentielle. Les réponses de l’État ne sont pas toujours
adéquates, comme les lois renforçant le rôle des métropoles, alors que
les effets positifs de ce type de politique sont loin d’être établis.
Des biens de nature aux biens communs
C’est le lien entre espaces ruraux et rapport à la nature qui est
questionné ici, renvoyant à une autre question actuellement au programme
(à l’agrégation de géographie seulement) : «
la nature, objet géographique ».
Le rapport aux animaux, la « fonction de nature » et le développement
durable sont évoqués successivement, pour déboucher sur la notion plus
englobante de communs.
>>> Pour compléter sur les communs : Daniela Festa (avec la
contribution de Mélanie Dulong de Rosnay et Diego Miralles Buil), «
Les communs »,
Géoconfluences, juin 2018.
Des campagnes urbaines à l’hyper-ruralité : « Éloge de la diversité »
Cette partie conclue sur les différentes catégorisations du rural. Sont
évoquées les campagnes « désirées » ou « refuge », les campagnes
paupérisées ou gentrifiées, et pour conclure la typologie proposée par
Hilal
et al. pour ce qui s’appelait encore la DATAR et qui
distingue les campagnes « des villes », les campagnes « agricoles et
industrielles » et les campagnes « vieillies à faible densité ».