lundi 5 mars 2018

Mort de Pierre Milza, l'historien qui a pensé le fascisme

Agrégé d'histoire, il était spécialiste du fascisme et de l'Italie contemporaine. Pierre Milza est mort ce 28 février.
Pierre Milza en 2012 Crédits : PIERRE-FRANCK COLOMBIER - AFP

Il était venu à l'étude du fascisme par celle de l'Italie, le pays d'origine de sa famille (il était émigré de la seconde génération) et des relations internationales. L'historien Pierre Milza est mort ce 28 février à l'âge de 85 ans. Plusieurs générations d'étudiants avaient travaillé avec ses manuels d'Histoire de la France au XXe siècle, co-écrits avec son confrère Serge Berstein. Nous vous proposons de le réécouter à travers les archives de France Culture, témoignant de la manière dont il a tenté, sa vie durant, d'appréhender les contours flous du fascisme. A ce sujet, on doit notamment à Pierre Milza une biographie de Mussolini (Fayard, 1999), et L'Europe en chemise noire, dans lequel il analyse les extrêmes droites européennes depuis 1945. Et puis, et ce n'est pas sans rapport, sa biographie consacrée au compositeur Verdi (Perrin, 2001), acteur de l'indépendance italienne...
Ecoutez des extraits d'émissions...

Des ressources par thèmes de programme en cycles 3 et 4


Les pages « Enseigner » du portail national, qui proposent des ressources par thèmes de programme viennent d’être complétées et enrichies.
Les différents dossiers proposent une sélection de ressources académiques pour le cycle 3 et pour le cycle 4, filtrées par classes, disciplines et thèmes de programme. Les différents scénarios pédagogiques présentés sont issus du recensement des pratiques numériques en académie effectué via l’ÉDU’Base histoire-géographie.

Par exemple :
Le portail renvoie ainsi vers les différents sites académiques qui présentent en détail ces nombreuses ressources.

La Semaine d’éducation contre le racisme et l’antisémitisme


Ce temps fort de l’action éducative en EMC se déploie autour du 21 mars, Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale. Le thème choisi cette année par l’ONU porte sur «Promouvoir la tolérance, l’inclusion, l’unité et le respect de la diversité dans le contexte de la lutte contre les discriminations raciale ».
 Son site propose tout un ensemble de ressources parmi lesquelles on pourra retrouver la Déclaration sur la race et les préjugés raciaux de 1978 ou la Déclaration de Durban de 2001 contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance.

Parallèlement, le site Éduscol donne des pistes et des ressources pour faire participer les élèves à cette semaine d’éducation et dans le cadre du parcours Citoyen, que ce soit par les fiches ressources Éduscol, des pistes d’action ou le lien vers la réserve citoyenne.

De même, la Dilcrah (Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT) répertorie sur son site toutes les actions et mobilisations prévues pour cette semaine du 21 mars ainsi qu’un kit de communication.

L’Afrique : un continent émergent ?

Café géographique de Paris, Mardi 30 janvier 2018

Intervenants : Alain Dubresson, Géraud Magrin, Olivier Ninot
Animatrice : Elisabeth Bonnet-Pineau



Après une présentation des trois intervenants, tous géographes spécialistes de l’Afrique et auteurs d’un excellent Atlas de l’Afrique paru aux éditions Autrement en 2016, l’animatrice (EBP) lance le débat en pointant les changements accélérés et d’une ampleur inégalée du continent africain qui sont porteurs autant d’opportunités que de défis.

Propos liminaires sur les thèmes généraux du développement et de l’émergence (Géraud Magrin)
L’atlas qui sert de base à ce café géo n’est ni tout à fait descriptif, ni exhaustif : c’est un atlas à thèmes et à thèse (voire à hypothèses). Le choix éditorial d’aborder l’Afrique dans son ensemble est conforté par la progression des logiques d’intégration, notamment de part et d’autre du Sahara, et par l’existence de nombreuses statistiques à l’échelle du continent dans sa globalité. Cela étant, il faut souligner la diversité, notamment politique, de l’Afrique (54 Etats), ce qui a des implications considérables.
Une des thèses de l’atlas est la diversification croissante des situations au sein de ce continent, tant à l’échelle des pays que des territoires à d’autres échelles. Cette diversification doit être interprétée en écho au sous-titre de l’atlas, « un continent émergent ? ». Le plus important, c’est peut-être le point d’interrogation qui ponctue ce sous-titre.
L’Afrique suscite beaucoup de clichés, certains alimentés par les nombreux manques (routes, argent, etc.) et les grandes peurs occidentales (épidémies, conflits, terrorisme, migrations internationales), d’autres, au contraire, liés à des taux de croissance économique élevés dans de nombreux pays d’Afrique subsaharienne au cours de la période récente (2000-2014), qui laissent penser que le continent est la dernière frontière de la mondialisation grâce à ses ressources naturelles abondantes et à la croissance rapide de sa population. La thématique de l’émergence apparaît ici avec, notamment, l’émergence des marchés intérieurs africains.
Le choix de l’atlas a été de mettre l’accent sur le lien entre les transformations de différentes natures (démographique, économique, environnementale, politique). C’est donc un atlas du développement et de l’intégration à la mondialisation du continent africain. Les prémices de changements profonds en Afrique semblent se traduire en ce moment par une diversification des trajectoires nationales de développement sur ce continent. Sur le temps long, depuis la première mondialisation (XVIème siècle), l’Afrique s’est intégrée dans la mondialisation en exportant d’abord des hommes (traite esclavagiste), puis des matières premières brutes, au bénéfice d’un certain nombre d’acteurs extérieurs et d’acteurs politiques africains et au détriment de la majorité de la population. Le retard de développement de l’Afrique est le produit de cette histoire. Il paraît assez évident, eu égard aux indices internationaux.

Face à cette situation de départ, 5 facteurs principaux du changement peuvent être distingués :
  • La croissance démographique et la transformation du peuplement (densification, urbanisation) créant d’immenses défis de toutes sortes mais aussi l’émergence de marchés.
  • La diversification des partenariats extérieurs (Chine, Inde, autres émergents, etc., à côté des partenaires traditionnels de l’Union européenne et des Etats-Unis) et l’apparition de nouvelles sources de financement des investissements, en lien avec la mondialisation, favorables à la diversification des économies.
  • La croissance des échanges internes grâce aux progrès des infrastructures et de l’intégration régionale (malgré une grande complexité institutionnelle).
  • Les innovations circulant avec l’économie mondialisée, aux effets parfois inattendus : de nouvelles régulations éthiques pour l’extraction des matières premières permettent par exemple plus de transparence sur le montant des rentes ; l’arrivée des nouvelles technologies comme les NTIC renouvelle certaines pratiques économiques, les échanges, certains services, etc.
  • Des changements politiques en cours (enracinement du sentiment national, processus de démocratisation et de décentralisation, …) en lien avec les changements démographiques et urbains, l’usage des NTIC, la circulation de modèles éthiques mondialisés… même si les changements sont très inégaux selon les pays.
La manière dont les pays et les territoires articulent ces 5 facteurs de changement   explique la diversité des trajectoires africaines de développement.

France des marges : comment refaire de la géographie ?

Compte-rendu de la matinée « France des marges » avec Samuel DEPRAZ (Université de Lyon / Jean Moulin-Lyon 3) et Olivier MILHAUD (Sorbonne Université, Paris) organisée à l’Institut de géographie de Paris, samedi 3 février 2018.

En guise d’introduction à la séance, Elisabeth Bonnet-Pineau rappelle à quel point le modèle « centre-périphérie » théorisé par Alain Reynaud dans son ouvrage « Société, espace et justice » paru en 1981, et étayé sur des critères principalement économiques, a fait les beaux jours de la géographie. Une application du modèle est d’ailleurs illustrée à l’échelle départementale par une carte de la France selon des données INSEE 2014 (p. 20 dans l’ouvrage de Samuel Depraz, La France des marges, Géographie des espaces « autres », Armand Colin, 2017).
Pourtant, penser en termes de marges impose de prendre de la distance par-rapport à ce modèle, c’est-à-dire par-rapport au centre et à la norme dominante. La distinction centre/périphérie/marges a été introduite au tournant du XXIe siècle, notamment par Christiane Rolland-May qui a dressé un tableau comparatif des trois concepts en soulignant leurs propriétés respectives (Tableau p. 22 dans l’ouvrage de Samuel Depraz). On lira aussi avec profit Antoine Bailly et Brigitte Prost sur ce sujet.
Le vocabulaire de marges a certes été utilisé auparavant en géographie physique, en lien avec l’étude de l’expansion des fonds océaniques – des marges passives sont distinguées des marges actives. Mais le concept de « marge » a ensuite été repris par les sciences sociales et largement enrichi.
Olivier Milhaud, maître de conférences à Sorbonne Université, et auteur d’un numéro de la Documentation photographique sur La France des marges (2017) et Samuel Depraz, maître de conférences à l’Université de Lyon et auteur de l’ouvrage déjà mentionné paru chez Armand Colin en 2017, déclinent un ensemble d’analyses complémentaires sur ce thème proposé aux concours du Capes et des agrégations externes d’histoire et de géographie.