vendredi 15 mars 2019

Être jeune et périurbain : la double peine ?


Si l'intitulés du Café peut laisser à penser le périurbain comme un espace en négatif, l’approche de celui-ci par les jeunes habitants montre une vision positive faite de pragmatisme et de débrouille.

Nous rédigeons ce compte rendu dans un contexte singulièrement différent – comme une partition entre un avant et un après – qu’il convient de prendre en considération, comme l’a fait Denis Wolff en introduisant ce Café par l’entrée des Gilets jaunes : « A l’heure où les « gilets jaunes » occupent nombre de ronds-points dans les espaces périurbains (caractérisés par un tissu lâche, des discontinuités et une offre limitée de transports en commun), quelles sont les mobilités des adolescents vivant dans ces espaces ?  Cette question est cruciale à cet âge car, pouvoir se déplacer seul, explorer de nouveaux lieux à l’abri des regards parentaux et en compagnie de ses pairs, c’est devenir autonome. Ces jeunes seraient-ils victimes d’une double peine liée à leur âge et à leur lieu de résidence ? Sont-ils de futurs « gilets jaunes » ? »

Il est vrai qu’au 30 novembre 2018, lorsque les grandes portes des lycées de Paris se barricadaient ou s’enflammaient en guise de riposte face aux « réformes Blanquer », les médias faisaient remonter des régions des mobilisations. Les syndicats lycéens notèrent eux-mêmes que la spatialité du mouvement était inhabituelle : des élèves d’établissements ruraux ou périurbains y avaient pris part et bloqué les leurs. Les lycées, où Catherine Didier-Fèvre avait enquêté, n’y ont pas échappé. Elle dresse pourtant le portrait d’une jeunesse plutôt heureuse, heureuse de voir sa géographie s’élargir, heureuse au point d’y vouloir faire sa vie, le modèle du pavillon avec jardin haut brandi. L’obtention du permis de conduire, fièrement affichée sur les réseaux sociaux numériques, est le premier passeport vers cette vie autonome rêvée, concomitante avec le passage du cap des dix-huit ans, dûment fêté à la salle des fêtes du village, dont Catherine Didier-Fèvre parle comme d’un rituel culturel propre, dans lesquels les familles investissent leurs économies pour voir leurs filles et fils en belles tenues au soir de leur majorité partager une pièce montée.

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